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Le garçon le plus triste du monde: Image

    Synopsis

Le Garçon le plus triste du monde est une auto-fiction dont l’écriture prend pour point de départ mon expérience de modèle vivant lors d’un semestre aux Beaux-Arts de Berlin, en 2014. Ce seul-en-scène, dont le titre est une référence directe au documentaire de Kristina Lindström et Kristian Petri, The Most Beautiful Boy in the World, puise dans l’histoire de l’acteur suédois Björn Andrésen, rendu célèbre pour son rôle d’ange blond dans le film Mort à Venise (1971) de Luchino Visconti et se nourrit d’une vingtaine de témoignages récoltés auprès de personnes exerçant comme modèle vivant, afin de questionner notre rapport au corps, à sa représentation et, plus largement, aux canons de beauté.

Théâtre contemporain, spectacle en cours d'écriture

Texte et mise en scène : Martin Nadal
Collaboration artistique : Samuel Petit
Dramaturgie et aide à l'écriture : Julia Malye 

Costumes : Salvatore Pascape 

Le garçon le plus triste du monde: Texte
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Le spectacle se déploie sur un semestre, dans la salle de classe 301 des Beaux-Arts de Berlin où, tous les mercredis après-midi, Oscar pose, pendant 4h, sous l'œil du professeur Michael et de ses élèves de dessin anatomique. De la première séance à la dernière, Oscar se met à nu et retraverse les poses qu’il a dû prendre, parfois bien malgré lui, revisitant des situations tour à tour gênantes, hilarantes et parfois violentes. Chaque pose, référencée dans l’histoire de l’art et d’une durée définie, est l’occasion d’une rêverie, d’un commentaire ou d’une critique qu’Oscar s’autorise à partager avec le public, sur le mode du monologue intérieur d’abord, puis de la confession, jusqu’à déborder et fonder les prémices d’un “stand-up triste” chorégraphié.


Confronté à la violence d’un regard parfois réifiant dans lequel il a l’impression d’être un pantin, et face à la dureté d’un travail mal rémunéré et physiquement éprouvant, Oscar travaille avec humour à donner du sens à une expérience vécue parfois douloureusement, cherchant par les mots à dégager des espaces de fantaisie et de liberté, afin de se défaire de l’image de jeune éphèbe dans lequel on voudrait l’enfermer.


La dramaturgie du spectacle se concentre sur trois séances-clé au cours desquelles Oscar fonde un rapport à chaque fois renouvelé à son corps et à son identité. D’une séance à l’autre, il en apprend plus sur l’histoire de Björn Andrésen, le jeune éphèbe qui se cachait derrière les traits de son personnage de manga préféré, Lady Oscar, dans la Rose de Versailles de Ryioko Ikeada. Le garçon le plus triste du monde restitue le parcours d’initiation d’un acteur qui, plutôt que de subir les poses et rôles auxquels on voudrait l’assigner, parvient à reprendre le pouvoir sur son image, à s’émanciper du regard qu’on pose sur lui et à s’interroger sur les causes de notre rapport éteint et distancié à la réalité.

Le garçon le plus triste du monde: Objectif

entretien avec Vincent, mars 2024

L’immobilité, ça n'existe pas. Quand tu dis : “ t’es immobile”, c’est que t’es mort. Mais même mort, ton corps, il continue d’évoluer. Tes ongles, ils poussent, ta peau elle se désintègre. Il y a toujours du mouvement, il y a toujours de la vie. J’ai essayé plusieurs stratégies pour m’aider à tenir. Stratégie, oui. A un moment, c’est vraiment devenu ça. C’est que, à certains moments, j’étais à la limite de tomber dans les pommes avec le stress et l’épuisement. La question, c’est: si je dois tenir tant de temps, qu’est-ce qui a de l’importance et qu’est-ce qui n’en a pas. Que j’ai peur du regard des gens, est-ce que ça a de l’importance? Ça me prend de l’énergie, ça me bouffe de la motivation donc, en fait, c’est pas important. L’important, c’est comment je me sens. Je ne peux pas ne pas être ma propre priorité. Moi je pose, je suis payé pour poser, mais je ne m’exhibe pas. Je suis pas à la merci de…sur la place publique, quoi. Je choisis le cadre, les conditions. Il y a des choses que j’accepte et des choses que je n'accepte pas. Et là ça faisait comme si j’étais un meuble posé là, et tout le monde peut entrer, sortir et donc à un moment, j'ai dit, par contre, là ça va pas le faire c’est pas les journées portes ouvertes. Les gens, ils peuvent oublier l’essentiel, c’est que il y a quelqu'un qui est à nu et qui potentiellement peut être plus vulnérable. Aussi, je m’expose, mais c’est pas dans un but de punition. C’est pas : prenez mon corps, mon corps vous appartient. C’est : voilà ce que j’ai envie de vous présenter aujourd'hui de moi. Il y a déjà une fenêtre de négociation là-dedans. En fait, on ne peut rien cacher. Donc pour pas que ça devienne un peloton d’exécution, autant accepter le fait qu’on n’a rien à cacher. Si je passe toute la séance à me dire oh la la qu’est-ce qu’ils pensent de mon bourrelet, ça me prend de l’énergie, ça me met pas dans un état qui fait du bien, et donc ce métier il peut faire du bien, vraiment, dans le rapport au corps, dans le fait que… on peut prendre de la distance par rapport à la propre représentation qu’on a de son corps. Les gens quand ils te dessinent, ils vont dire par exemple, “j’aime bien tes jambes, elles sont longues” Je dis : “ah bon?” Dans ma tête : “Ah, moi j’aimais pas parce qu’elles étaient trop longues”. Mais y a quelqu’un qui me dit qu’il les aime bien, donc peut-être que je vais remettre en question le fait que moi je les aime pas. C’est légitime que je ressente de moins les aimer. Mais c’est tout autant légitime, quelqu’un qui va me dire : “Moi, j’adore ça”. Donc, dans cet espace là, quelle option je choisis? Le fait d’en souffrir ou le fait de me dire que peut-être, ça plait à certaines personnes ? Et si, pourquoi pas, ça me plaisait à moi, aussi? Moi, je me pose toujours trente-six questions. C’est mon fonctionnement propre, d’essayer de voir qu’est-ce qui m’aide, qu’est-ce qui ne m'aide pas. Moi, j’ai été adopté. Chaque adoption est particulière, mais dans mon cas, même si les choses se passaient bien, j’avais quand même, des fois, j’avais un trou béant. Aussi, des fois, j’avais le sentiment de ne pas être à ma place. Je viens de l’extérieur et donc j’ai dû être capable d’analyser les situations, d’analyser les interactions avec les gens rapidement pour savoir si ça représentait un danger ou pas un danger. Est-ce que le fait que je sois vraiment moi, représente un danger ou pas, à ce moment-là?. Est-ce que je dois m’adapter à l’environnement, au pays ? Mais qui je suis, si je ne fais que m’adapter ? Que cacher certaines parties de moi? Ne pas chercher certaines parties de moi, parce qu’elles pourraient être rejetées par l’extérieur? Mais ça vaut pour tout le monde ça, je me dis. Mais moi ça m’a appris à lire les situations, décrypter les comportements et essayer de me positionner pour me rendre la vie plus facile, même si le fait de cogiter tout le temps, ça prend de l’énergie, et tout ça, quoi.

Le garçon le plus triste du monde: Texte
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